Nichée au cœur de Strasbourg, dans le quartier du Wacken, la cité-jardin Ungemach est un lieu riche en histoire et en controverses. Construite dans les années 1920 par Léon Ungemach, cette cité a servi de laboratoire pour des idées eugénistes pendant plusieurs décennies.
Aujourd’hui, avec ces maisons roses bordées de jardins fleuris on se croirait presque dans un village alsacien. La cité Ungemach est pourtant bien en ville, au pied du Parlement européen. Je vous emmène découvrir ce havre de paix Strasbourgeois et son histoire étonnante.
Des petites maisons et des jardins au pied du Parlement européen
Dans un quartier du Wacken en pleine effervescence, où le prix du mètre carré a flambé avec le nouveau quartier d’affaires Archipel, ces petites maisons saumon surprennent. Pour le passant, elles semblent être toutes identiques. Ces 140 pavillons avec jardin sont pourtant tous différents.
Chaque maison de la cité a son propre charme, avec des toits pentus et des ouvertures en “chien-assis” qui ajoutent une touche pittoresque à l’ensemble. Les maisons sont également spacieuses, avec des surfaces allant de 100 à 165m², offrant ainsi un cadre de vie agréable pour les familles.
Les pavillons sont disposés le long de rues aux noms de plantes. Les pâquerettes côtoient ainsi le marguerites, les muguets et les fraises.
L’histoire de la cité-jardin Ungemach
La Cité-Jardin avait à l’origine une vocation sociale, imaginée par son fondateur Léon Ungemach. Cet industriel strasbourgeois était particulièrement préoccupé par le bien-être de ses employés. Dès le début du 20ème siècle, il met en place au sein de sa conserverie de Schiltigheim un restaurant d’entreprise, une infirmerie, une bibliothèque, une colonie de vacances pour les enfants du personnel et même une participation aux bénéfices.
A la sortie de la première guerre mondiale, il imagine un quartier destiné “à de jeunes ménages en bonne santé, désireux d’avoir des enfants et de les élever dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité”.
Une histoire d’eugénisme à Strasbourg
A l’issue d’un grand concours organisé avec la ville, le projet de Paul de Ruté et Jean Sorg est choisi puis construit entre 1923 et 1928. La sélection des locataires est elle aussi méticuleuse et répond à des critères qui s’apparenteraient aujourd’hui à de l’eugénisme.
Contrairement à une idée reçue, la Cité-Jardin Ungemach n’était pas destinée aux classes défavorisées. En réalité, elle visait les classes moyennes. Pour obtenir un logement, il fallait être en bonne santé, avoir l’intention d’avoir des enfants et élever ces enfants dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité.
Des critères de sélection drastiques
Les familles étaient soumises à un règlement strict de 356 articles et notées selon un système de points. Des contrôles réguliers étaient effectués pour s’assurer du respect des règles en matière de santé, d’éducation et de moralité.
Si les familles ne respectaient pas ces règles, elles devaient quitter la cité. Une fois les enfants devenus grands, les locataires devaient laisser leur place à de plus jeunes parents.
Ces critères de sélection ont perduré jusqu’aux années 1960, et les règles d’expulsion ont été appliquées jusqu’aux années 1980. Ce n’est qu’à cette époque que le règlement a été remplacé par celui des logements sociaux.
Une cité-jardin en plein cœur du Wacken
La cité-jardin est transférée à la ville en 1950. Elle est aujourd’hui gérée par son bailleur social Habitation moderne et protégée de la pression foncière environnante. Les pavillons ont été réhabilités entre 1997 et 2000, avec un souci particulier de préserver l’architecture originale et le charme pittoresque qui font la renommée de la cité.
La liste d’attente est longue pour vivre dans cet écrin naturel au bord de l’Ill. Seulement 2 ou 3 maisons se libèrent chaque année, ce qui témoigne de l’attachement des résidents à ce lieu unique. La cité est également devenue un lieu de promenade prisé, non seulement pour les habitants de Strasbourg mais aussi pour les touristes qui découvrent ce havre de paix à l’ombre du Parlement européen.
En plus de son attrait résidentiel, la cité-jardin Ungemach est aussi un exemple de gestion urbaine durable. Habitation moderne, le bailleur social, met en œuvre des initiatives écologiques, telles que des programmes de recyclage et de gestion des déchets, pour maintenir le caractère verdoyant de la cité.
La cité est également le théâtre de divers événements communautaires tout au long de l’année, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance et la cohésion sociale parmi les résidents. Des ateliers de jardinage aux fêtes de quartier, la vie communautaire est riche et variée, ajoutant une dimension humaine à ce lieu déjà exceptionnel.
Comment se rendre à la Cité-Jardin Ungemach et la visiter ?
Si vous êtes intrigué et souhaitez découvrir ce lieu unique par vous-même, bonne nouvelle : la cité-jardin est facilement accessible ! Située juste à côté du Parlement européen, plusieurs options s’offrent à vous pour vous y rendre.
En transports en commun
- Tram Ligne B: Descendez à l’arrêt Wacken.
- Tram Ligne E: Vous avez le choix entre l’arrêt Wacken et l’arrêt Parlement européen.
- Bus H: Ce bus vous dépose également à proximité.
À pied ou à vélo
- Depuis le Parlement européen, empruntez la rue Lucien Febvre et entrez dans la cité par l’allée du Printemps.
- Depuis le centre-ville, remonter le cours de l’Ill par le Quai Mullenheim.
Que faire une fois sur place ?
La cité-jardin est idéale pour une promenade relaxante. Vous pouvez vous balader dans les ruelles pittoresques, admirer les maisons et les jardins, et même vous rendre jusqu’au bord de l’Ill où se trouve un embarcadère de Batorama.
Pour prolonger votre visite, remontez l’Ill en direction du siège de la chaîne de télévision franco-allemande Arte et ne manquez pas la très jolie petite passerelle Ducrot qui offre un point de vue exceptionnel sur la rivière.
